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Hawaii avec nos mamans - Jour 5: les maîtres de l'océan

11h15 jeudi matin. Nous traversons le port de plaisance de Lahaina, croisant la succession de baraques qui servent de devantures aux différents navires qui promettent aventure, pêche miraculeuse et visites inoubliables. Notre destination est le "slip #1", au bout complètement du port, où mouille le Discovery, un énorme catamaran qui peut transporter près de 200 passagers. Il est administré par le Pacific Whale Foundation, un organisme sans but lucratif qui offre des excursions pour financer leur activités de recherche et de conservation.

Sous le soleil plombant du midi, on s'arrache les brins d'ombres produits par les quelques palmiers en attentant l'embarquement. Il y a beaucoup d'activité sur le quai : touristes et organisateurs défilent continuellement, des navires entrent et sortent du canal et les habitants de Lahaina terminent leur marche matinale pour aller prendre un café sur une des nombreuses terrasses vue sur mer. Une brise chaude vient chasser un peu de sueur et je ferme les yeux, m'imbibant du moment.

Une dame monte sur le muret et nous donne les consignes avant l'embarquement. La consigne que mes filles retiennent le plus? Le fait que les toilettes abord ne permettent que ce qu'il sort de notre corps (numéro 1 ou le numéro 2). Tous le reste doit aller dans la poubelle à côté. "Ouche! Faut mettre le papier de toilette dans la poubelle?". Ben oui...

Après la photo touriste avec la bouée de sauvetage, on monte sur le navire et on se prend une place en haut sur la terrasse. Tout la famille a le sourire et l'anticipation est palpable.

Les amarres sont larguées et le navire quitte lentement le port de Lahaina. Sous le bercement des vagues, le capitaine nous donne à son tour les consignes, sensiblement les mêmes que la dame avait déjà donné. Je l'écoute à moitié, mon esprit se laissant plutôt emporter dans la côte de Mauï et les jeux d'ombre laissé par les nuages sur les montagnes derrières.

On passe la dernière bouée et le capitaine pousse le moteur à fond. La biologiste commence alors sont discours à peine audible par dessus le bruit des moteurs.

"Des éléphants?", dit Chantal. Je sort alors de ma rêverie.

"Non maman, la dame dit qu'elles pèsent autant que sept éléphants", dit Nathalie.

"Ah, je trouvais ça drôle aussi qu'elle parle d'éléphants"

Des "oooh" et des "aahh" se font entendre.

"Splash at one o'clock", dit la biologiste,

D'un geste, tous les passagers se lèvent et s'agglutinent sur la rail de droite. On regarde au loin, mais on ne voit que l'écume de mer.

Le bruit des moteurs devient plus intense et le navire tourne vers la droite.

Je souris en voyant ma mère aussi excitée qu'une petite fille, cherchant désespérément à voir le spectacle.

La houle est plus intense en haute mer. On se fait brasser continuellement. Pour se déplacer, on doit naviguer pas par pas, en s'agrippant à chaque poignée disponible.

La biologiste nous dit que le capitaine va toujours garder le nez du navire vers le spectacle. Les gens comprennent le message et se dirigent vers l'avant du bateau. J'invite ma mère à me suivre et on va vers la proue. Déjà la majorité des passagers s'y trouvent. Heureusement, le navire n'est qu'à moitié plein ce matin, il a donc de la place pour tous.

On se place dans les marches, entre le pont inférieur et le pont supérieur, et on scrute l'´horizon.

On voit alors une nuage de bruine une centaine de mètres devant le catamaran accompagné d'un bruit semblable à un éternuement.

Les gens pointent et s'exclament.

Une silhouette noire se distingue à la surface de l'eau, à travers des remous. Puis une courbe. Doucement, une forme noire sort de l'eau et s'ouvre comme une fleur à la levée du jour. C'est la forme unique d'une queue de baleine à bosses :

La queue s'enfonce sous les vagues, laissant un nuage d'eau derrière elle.

C'est alors que l'activité commence. On distingue deux, puis trois et finalement quatre baleines autour de nous. Certaines roulent sur elles-mêmes et donnent de coups de nageoires dans l'eau. Une autre vient prendre une bouffée d'air tout près, lançant au-dessus d'elle un petit geyser.

La biologiste nous explique que nous assistons à une chicane de mâles pour une femelle. Ces démonstrations de surface vise à faire fuir les autres compétiteurs et tenter de convaincre la future conquise que c'est lui le meilleur.

Les baleines nous entraînent alors dans une course à travers le Pacique. Parfois, on les perd pour quelques minutes. Quelqu'un les voit et plusieurs doigts pointent alors dans la direction. Le capitaine change de cap et on rattrape les magnifiques bêtes.

L'effet des vagues devient plus intense car le capitaine doit pointer directement vers les vagues pour maintenir la cadence des baleines. Le bateau monte et descent continuellement de plusieurs mètres au point où on ressent parfois un feeling d'apesanteur.

Les baleines disparaissent à nouveau sous l'eau et on scrute les eaux. Le bateau monte,descent. Il monte et on voit devant nous une grosse vague se dresser. Puis, on se sent tomber, le cœur reste suspendu dans le ciel et le navire descent directement dans la vague.

Le résultat a été tout à fait conforme à être sur le pont qui passe par-dessus le manège "Splash" à la ronde. La vague a balayé le pont inférieur et une partie du pont supérieur, aspergeant à la perfection tous les passagers.

On se regarde et on pouffe de rire.

À peine avons-nous le temps de reprendre nos esprits que devant nous,une baleine sort la tête de l'eau et se lance dans le ciel. Tout est alors au ralenti. Elle nous montre son ventre blanc, puis ses nageoires sortent aussi de l'eau et elle se laisse doucement tomber vers l'arrière. En frappant l'eau, ses quarantes tonnes produisent une explosion de blanc et de bleu incroyable.

Pendant ces quelques secondes, j'ai pu admirer la majestuosité de cet animal. J'avais peine à comprendre comment l'humain a presque chassé à extinction ces baleines. J'aurais aimé lui expliquer à quel point aujourd'hui nous l'admirons et la remercier de nous permettre de l'approcher ainsi.

Comme nous, elle va retourner bientôt dans le froid du Pacifique nord et l'Alaska. Elle passe ses hivers à Hawaii pour s'accoupler et accoucher. Puis, elle retourne dans le nord vers les mers plus fécondes pour s'alimenter. Une preuve que ces bêtes son plus intelligentes que l'homme. Tous les hivers elle est ici, elle.

Je lui souhaite donc bon voyage au froid et j'espère avoir une chance de la revoir un jour dans la chaleur des vagues de Hawaii. Après tout, elle va vivre près de 100 ans. Ça laisse donc plusieurs hivers de disponibles!

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