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Sur la route des Incas - Jour 9 - Un bain dans la culture Inca

Nous quittons Cusco avec un peu de fébrilité dans les tripes. On sait que c'est notre dernière journée de "civilisation" avant de se lancer dans la nature pendant 4 jours sur la trek du chemin des Incas.

Je désire d'abord prendre un moment pour offrir une pensée aux habitants de la ville de Yanque qui ont été victimes d'un tremblement de terre hier soir. Nous avons resté à Yanque il y a à peine 5 jours, lorsque nous sommes restés au Tradicion Colca, l'hôtel avec l'observatoire. Bien que le tremblement de terre n'était pas vraiment élevé (magnitude 5.4), il était relativement en surface et les habitations de ce petit village ne sont pas très bien construites. Il y a eu beaucoup de blessés et quelques morts, dont un touriste américain.

C'est étrange de penser que si ce sinistre était arrivé quelques jours plus tôt, nous aurions eu un tout autre voyage. Il faut croire que ce n'était pas notre moment.

Bon, sur une pensée plus joyeuse, notre journée de transfert de Cusco vers Ollantaytambo a été impressionnante et instructive.

D'abord, notre guide Mihail est un étudiant en anthropologie qui se spécialise sur la période pré-Inca et Inca. Disons que ça donne une autre dimension au tour!

On débute avec une visite du site archéologique de Pisaq, dans la vallée sacrée des Incas. Sur le chemin, Miha (son surnom) nous explique le système social des Incas. On avait déjà eu une intro de Teresa lorsque que nous avons visité Taquile, cette communauté sur une ile du lac Titicaca qui s'inspire fortement des enseignements Incas.

Les Incas avait un système social hiérarchique avec l'empereur en haut, puis les nobles de sang, puis les nobles de fonctions (prêtres, scientifiques, etc), puis les militaires, les paysans et finalement les serveurs. Par contre, économiquement, ils étaient plutôt socialistes. Toute la richesse allait à l'état et était redistribuée vers le peuple. Lorsqu'un jeune homme arrivait à environ 18 ans, il devait passer un test de citoyenneté. Il devait d'abord montrer ses aptitudes physiques (combat, tests physiques) pour ensuite passer des tests de connaissance sur la religion, la langue officielle (Quechua), la science et les lois sociales. S'il passait le test, on lui donnait un sous-vêtement le marquant comme adulte (pourquoi des bobettes, je ne peux vous dire) et un partie de terre afin qu'il puisse contribuer à la société. Il devenait officiellement citoyen et il avait alors le droit de se marier.

Ce test était important, car on doit comprendre que le territoire Inca était énorme. Les Incas étaient en fait un melting-pot de tribus et peuples conquis, qui parlaient différentes langues et avaient différentes croyances. Ce test s'assurait que les citoyens étaient parfaitement adaptés et connaissants de la culture Inca.

Économiquement, il suivait une règle du "travail réciproque". Si quelqu'un aidait à réparer ta maison, tu devais le rembourser en travaillant pour lui à valeur égale. L'économie s'appuyait ainsi sur le troc, autant de la main d'oeuvre que des produits (agriculture, chasse, pêche, bois, etc.). Miha nous explique que dans la langue Quechua, il n'y a pas de mot pour "pauvre". Dans un tel système, personne ne pouvait être pauvre. Même les personnes handicapées devait contribuer à la société à la hauteur de leur capacité et en échange, ils recevaient nourriture et logis. Le mot le plus proche de "pauvre" était traduit comme "orphelin". Pour comprendre ce lien, il faut comprendre que le Quechua n'a pas de mot pour "ami" non plus. Toute les personnes de la société était des frères et soeurs, une grande famille. Dans un tel contexte, tu n'as pas d'amis, tu as juste de la famille. Du même souffle, la seule façon que tu peux être pauvre est si tu es coupé de la société (ex: les criminels ou ceux qui ne veulent pas travailler). Tu te retrouves alors "orphelin" (sans famille).

Je ne peux dire pourquoi, mais cette explication du guide m'a vraiment fait réfléchir sur nos valeurs de société et les problèmes que nous devons faire face. Le succès social des Incas n'était pas seulement sur la distribution de la richesse, mais aussi sur des valeurs solides d'entre-aide et de volonté à travailler et contribuer à la société.

Ces valeurs sont encore omniprésentes au Pérou. En arrivant à Pisaq, on devait visiter deux choses: d'abord le petit marché, puis les ruines. Mais, problème : le marché est vide!

Le guide s'informe et on lui explique que l'ensemble des habitants terminaient de nettoyer le site archéologique et certaines rénovations. Les habitants ont effectués ce travail, car c'est dans leur devoir social de le faire. Le site archéologique est la fierté du village et apporte les touristes en ville. Quand c'est le temps de rénover et nettoyer, tous mettent l'épaule à la roue. Cependant, le résultat: pas de marché aujourd'hui.

On monte donc vers le site de Pisaq. L'ancienne ville Inca occupait deux montagnes. En arrivant, on est frappé par l'ampleur des galleries d'agricultures, les plus grandes que nous avons vu jusqu'à maintenant.

Les petits points sur la photo ci-dessus sont les citoyens qui terminent le nettoyage.

Le guide nous explique alors le site, mais nous avons peu de temps, comme c'est souvent le cas dans les tours. On passe souvent plus de temps dans le bus qu'à visiter. On a donc 30 minutes et on décide de visiter l'ancien secteur des nobles, sur le sommet d'une colline. Les photos témoignent pleinement de l'endroit:

Les sites Inca donnent souvent l'impression d'être plus vieux qu'ils ne le sont. Comme les toits étaient en bois et en paille, souvent ce qu'il reste sont les murs et les fondations. Dans certains cas, les sites font une restauration de certains bâtiments et ajoutent un nouveau toit pour montrer comment l'édifice se présentait voilà 500 ans.

On remonte vers l'autobus pour se rendre vers le lunch. Un bel endroit qui avait même des perroquets. D'ailleurs, une petite anecdote sur celui-ci:

Il était tout au haut de l'arbre où on lui a aménagé un promontoir avec un bol d'eau. Frustré que son bol soit vide, il le prend avec son bec et le lance au sol. Puis, il décide de monter l'arbre. Un perroquet monte les arbres comme on le voit ci-haut, son bec sert d'ancrage et les pattes montent. Celui-ci décide alors de monter sur la plus petite branche de l'arbre. Son bec s'agrippe et ses pattes tentent en vain de rejoindre la branche, en faisant une belle imitation d'un canard qui nage. Il se retrouve alors à l'horizontal, les yeux vers le ciel. Puis, la petit branche lâche et le perroquet tombe de l'arbre. Étant déjà à l'envers, l'envol ne marche pas fort fort et il tombe comme une roche au sol. Puis, il se redresse, retourne au tronc et remonte un peu avant de se secouer. Il semble dire aux autres perroquets qui le regarde: "tout va bien, c'était voulu. On est ben mieux en bas, je vous dit". Enfin, on s'est bien marré.

Après le lunch, on se rend à Ollantaytambo pour visiter ce qui est probablement la dernière construction des Incas, qui est d'ailleurs inachevée. Pour comprendre pourquoi, encore un peu d'histoire.

La capitale Inca était Cusco et le mot Cusco signifie "nombril de l'univers" (pas de joke). Je suis certain que certaines personnes vous viennent en tête et vous pourrez les traiter de cusco la prochaine fois, sans qu'ils ne comprennent pourquoi.

Alors, vers le milleu des années 1500, l'empire Inca s'est étendu partout en Amérique du Sud. L'empereur de l'époque regarde son empire et réalise que Cusco n'est plus vraiment au centre de l'empire. Il voit qu'en fait, le "nouveau Cusco" devrait plutôt être quelque part en Équateur. Il commence donc à construire une nouvelle capitale avec plus de temples, plus de palais, plus de tout et il déménage la capitale Inca.

Malheureusement pour l'Empereur, il contracte la variole (probablement apportée par les européens) et en meurt peu de temps après. Il n'avait pas identifié son successeur et une guerre civile éclate entre le nord (Equateur) et le sud (Cusco) de l'empire. L'ensemble des citoyens d'Ollantaytambo sont rappelés à Cusco pour défendre la ville d'une éventuelle attaque du nord. Le site toujours en construction est alors abandonné.

Ironiquement, ce sont plutôt les Espagnols qui vont profiter de la division créée par cette guerre civile pour conquir assez facilement les Incas. En fait, Ollantaytambo sera le site d'une grand bataille entre les Espagnols et les Incas, bataille que les que Incas vont gagner. Ce sera la seule victoire Inca contre les Espagnols.

Anyway, ceci a laissé un site unique aux archéologues. Le site inachevé montre les différentes techniques de construction des Incas, comme les rampes pour monter les pierre, les carrières et d'autres signes.

En arrivant, on voit le défi. On doit monter les centaines de marches pour se rendre au sommet du site.

Les galleries que l'on voit ne devaient pas servir à l'agriculture, mais pour des plantes et des fleurs pour décorer le site religieux.

Une fois en haut, on reçoit le contexte historique de la part du guide, puis on a un autre 30 minutes pour découvrir le site. Encore une fois, les photos parlent d'elles-mêmes:

Voilà. Demain matin, c'est le départ vers le chemin des Incas, une trek de 4 jours et 3 nuits dans laquelle nous allons parcourir 48km pour se rendre aux ruines du Machu Picchu. Le couple d'hôtels 4 étoiles va sortir de sa zone de confort!

Comme je vais probablement ne pas avoir accès au réseau cell, je vais publier le blog sur la trek à notre arrivée à l'hotel vendredi soir. À bientôt!

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